(article publie dans La Tribune - 14 fev 2014)
Le gaz de schiste, pour réduire de 10 milliards la facture énergétique
L’obstination de
la France à s’opposer au gaz de schiste relève tant de l’archaïsme que du
paradoxe.
Archaïsme car la
France ne se contente pas de dénoncer les risques écologiques – sans doute réels
- de la technique de fracturation hydraulique (“fracking”), mais elle interdit
aussi toute recherche de nouvelle technologie qui permettrait de contourner le problème.
La loi de juillet 2011, confirmée par le Conseil Constitutionnel en octobre
2013, interdit en effet la fracturation hydraulique en France et abroge tout
brevet de recherche sur la question au nom du principe de précaution. Opinion réitérée
dans un rapport parlementaire de novembre 2013. Il s’agit bien là d’une position
dogmatique, sans doute pour satisfaire le puissant courant écologiste. Mais à
l’heure de la mondialisation, n’est-il pas inquiétant de voir la France
s’arc-bouter et fermer la porte au progrès? Notre recherche de pointe suscite
pourtant notre fierté. Certes la décision du Général de Gaulle de lancer notre
pays dans l’aventure du nucléaire était audacieuse, mais elle s’est révélée
visionnaire et cette ambition aura largement contribué à dynamiser la recherche
technologique française de ces 50 dernières années. Nous avons besoin
aujourd’hui de ce courage politique et il est surprenant qu’au sein de la
classe politique, seul Monsieur Montebourg semble reprendre le flambeau sur ce
dossier du gaz non-conventionnel. Ce malgré les recommandations dans ce sens du
rapport Gallois de novembre 2012 sur la compétitivité française ainsi que de
l’Académie des Sciences dans son avis de novembre 2013.
Archaïsme certes,
mais paradoxe aussi car nos politiques se sont engagés par ailleurs à réduire la part du nucléaire dans la production
énergétique française. Or ils savent parfaitement que les énergies
renouvelables ne sont pas en mesure de fournir une énergie fiable et régulière.
La nécessité d’assurer nos besoins énergétiques par des sources d’énergie thermique
reste évidente. Il faut donc s’en donner
les moyens, tandis que nous importons 98% de notre gaz. Or les Américains nous
ont démontré que cela pouvait se faire à un cout significativement réduit grâce
au gaz de schiste. Notre sous-sol a de surcroit la chance d’en regorger, selon
les premières études qui en ont été faites.
Et à l’heure où
la France cherche désespérément des sources d’économies structurelles pour
financer son pacte de responsabilité avec les entreprises, une réduction de la
facture énergétique serait la bienvenue. Chez nos amis américains, non
seulement la filière de gaz de schiste a
permis de créer 2,1 millions d’emplois en à peine 5 ans, mais la baisse de 50%
du prix du gaz qu’elle a engendré a déjà généré près de 300 milliards de
dollars de PIB et enrichi les ménages américains de 1200$ par an (source CERA).
On estime que le développement d’une telle filière allègerait le cout de nos
approvisionnements énergétiques d’au moins 10 milliards par an (sur une facture
totale de 69 milliards) et réduirait notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Les Anglais l’ont bien compris et se lancent dans l’aventure. Ne restons pas
immobiles. La France mérite de redevenir audacieuse.
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